Vol. 24/1 (1995)

ARTICLES
• Z. VESEL, “Réminiscences de la magie astrale dans les Haft Peykar de Nezâmi”, p. 7
Résumé
Parmi les différentes sources incorporées par Nezâmi dans les Haft Peykar, Henry Corbin a souligné les éléments de la magie astrale telle qu’elle a été connue à l’époque à travers le rituel sabéen de Harrân. L’article recense les sources persanes dans le domaine et souligne le rôle de ces matériaux dans la construction du récit-cadre du poème.

• M. SUBTELNY, “Mîrak-i Sayyid Ghiyâ s and the Timurid Tradition of Landscape Architecture”, p. 19
Résumé
Malgré l’intérêt croissant porté à l’étude du jardin islamique, on ne sait presque rien des gens qui ont créé les jardins timourides, ni même de la disposition de ces jardins qui devaient représenter le véritable aboutissement du jardin iranien médiéval. Cette étude est la suite de mon article, “A Medieval Persian Agricultural Manual in Context : The Irshâd al-zirâ‘a in late Timurid and Early Safavid Khhorasan” (Studia Iranica, 22,2), qui a examiné le contexte historique et socio-économique dans lequel le traité d’agriculture, Irshâd al-zirâ‘a, a été écrit à Hérat en 921/1515 ; celui-ci a identifié comme source principale d’information pour cette œuvre unique sur l’agriculture de la région de Hérat à l’époque timouride un architecte paysagiste qui s’appellait Sayyid Nizâm al-Dîn Amîr Sultân Mahmûd, surnommé Mîrak-i Sayyid Ghiyâs, qui travaillait pendant le règne du dernier Timouride, Sultân-Husain-i Bâyqarâ Mîrzâ. Basée sur des sources diverses, l’étude tente de reconstituer la chronologie de Mîrak-i Sayyid Ghiyâs et constate qu’il appartient à une famille, inconnue jusqu’à ici, d’architectes paysagistes originaire de Hérat dont la spécialité était le chahârbâgh, le jardin architectural quadripartite, qui est décrit dans le dernier chapitre de l’Irshâd al-zirâ‘a. En suivant leurs carrières de Hérat safavide à Bukhara ouzbèke et à Agra et Delhi moghols, il est possible de documenter le transfert de la tradition timouride d’architecture paysagiste à l’Asie centrale et à l’Inde moghole et ainsi de confirmer les conclusions des historiens d’architecture concernant l’influence iranienne, spécifiquement timouride, sur l’architecture de l’Inde moghole en particulier.

• M. SZUPPE, “La participation des femmes du milieu régnant à l’exercice du pouvoir en Iran safavide au XVIe siècle (Deuxième Partie)”. p. 61
Résumé
Dernière partie de l’étude sur la participation des “princesses” safavides dans la vie politique et dans la gestion de l’État, en Iran au XVIe siècle. Six carrières individuelles sont analysées plus particulièrement : d’abord celle de Tâjlu Xânom, épouse de Shâh Esmâ‘il Ier, suivie de celles de ses filles, Pari-Xân Xânom I et Shâhzâda Soltânom, et de ses petites-filles, pari-Xân Xânom II et Zeynab Begom, ainsi que celle de Xeyr ol-Nesâ’ Begom (la Mahd-e ‘Oliyâ), épouse de Shâh Mohammad Khodâbanda. Le personnage de la femme politique n’est pas limité à une période particulière de l’histoire safavide, mais est récurrent à travers les générations. À la cour royale, aussi bien que dans les provinces, des princesses safavides participent aux activités diplomatiques, militaires et gouvernementales. Durant tout le XVIe siècle (et ceci jusqu’à la consolidation des réformes politiques et sociales de Shâh ‘Abbâs Ier dans la première moitié du XVIIe siècle), les élites Qezelbâsh et safavides, toutjours remarquablement proches de leurs anciennes traditions vieilles-turques, on seulement acceptent, mais même s’attendent à ce que les femmes prennent part à ces activités en tant que partisans, conseillères, lieutenants et, jusqu’à un certain degré, partenaires. Non seulement les femmes safavides jouissaient d’une position privilégiée, résultat de la reconnaissance de leur statut social élevé, mais surtout leur éducation intellectuelle et physique, ainsi que leur indépendance financière, leur ont permis d’égaler et, parfois, de surpasser leurs équivalents masculins.

NOTES ET CHRONIQUES
• C. JAHANI, “Preliminary Notes on How to Express ‘To Have’ in Iranian Balochi”, p. 125
[Résumé français non disponible]

• P. MOHEBBI, “Deux types particuliers de moulins dans la région de Kâshân”, p. 131
Résumé
Dans le cadre de l’histoire des techniques en Iran, cet article décrit d’abord deux sortes rares de disposition de moulin à farine, ensuite il démontre l’importance des moulins dans l’économie de l’Iran jusqu’au XXe siècle. Quelques techniques périphériques à la mouture, comme la confection des meules, leur transport, etc. sont également étudiées.

• Ph. GIGNOUX, “Congrès international : La Perse et l’Asie Centrale, d’Alexandre au Xe siècle (Rome, 9 – 12 novembre 1995)”, p. 141

Comptes rendus, p. 145

Vol. 24/2 (1995)

ARTICLES
• M. VICKERS, “Metrological Reflections : Attic, Hellenistic, Parthian and Sasanian”, p. 163
Résumé
Les orfèvres ont essayé à maintes reprises de faire des vaisselles d’argent avec des poids-étalons en chiffres ronds. Dans le cas d’Athènes à l’époque classique et hellénistique, et de l’Égypte ptolémaïque, du monde hellénistique en général, et sous les empires parthe et sassanide, ces poids correspondirent aux étalons en cours à l’époque, afin de permettre au propriétaire de continuer à utiliser l’argenterie comme monnaie au sens large. Les inscriptions de poids sur les vaisselles qui ont été considérées jusqu’ici comme une évidence pour des étalons de poids variable, sont interprétées maintenant comme une indication que les vaisselles étaient pesées avec un monnayage usé qui continua de circuler. Les étalons eux-mêmes ne changèrent pas.

• S. DIEBLER, “Les hommes du Roi. Sur la représentation souveraine dans les relations diplomatiques entre Byzance et les Sassanides d’après les historiens byzantins du sixième siècle”, p. 187
Résumé
Le sixième siècle fut, entre les deux superpuissances sassanide et byzantine, un siècle de guerres presque incessantes, tandis qu’à l’intérieur, après d’importantes contestations, la gestion du pouvoir était fortement réorganisée et structurée autour de la figure d’un souverain tout-puissant. Le but de cet article est d’étudier, d’après les historiens byzantins contemporains, la présence et la fonction de cette image royale au sein des relations diplomatiques qui, entre les deux empires, ont alors connu un développement et une codification sans précédent. Pour ce faire, on examine successivement le principe de catégorisation entre les divers types d’ambassades, les critères prosopographiques retenus dans le choix des ambassadeurs, enfin le cérémonial qui préside à la réception de ces envoyés. Dans ces trois champs, il apparaît que l’ensemble du processus diplomatique n’est animé que par référence à une image souveraine omniprésente et jalousement administrée. On trouvera en annexe une traduction des extraits de Pierre le Magistre sur la réception d’un ambassadeur perse à la cour de Constantinople.

• Sh. ANDO, “Die timuridische Historiographie II : Sharaf al-Dîn ‘Alî Yazdî”, p. 219
Résumé
Le présent article est consacré à une analyse de l’œuvre de l’histoire timouride par Sharaf al-dîn ‘Alî Yazdî et du milieu spirituel où il écrivait. Deux parties de l’œuvre, dîbâcha et maqâla II, qu’on n’a pas suffisamment utilisé, montrent que le titre donné par Yazdî n’est pas Zafar-nâma, mais Fath-nâma-yi Sâhib-Qirânî et qu’il écrivit dans la maqâla II la continuation de l’histoire dynastique après la mort de Timur. La conception historiographique de Yazdî représente une sorte de science historique qui s’enracinait dans l’atmosphère intellectuelle avec l’inclination shî’ite en Iran aux XIVe et XVe siècle.
Summary
The present article focuses upon the composition of Sharaf al-dîn ‘Alî Yazdî’s history of the Timurid dynasty and the spiritual background of his writing. By referring to two parts of his historical work, dîbâcha and maqâla II, both of which have been little used by scholars, it is proposed that the current opinion about its structure should be slightly modified. Both parts prove that : a) the work was properly entitled by the author himself the Fath-nâma-yi Sâhib-Qirânî, and not the Zafar-nâma as accepted so far ; b) Yazdî devoted the maqâla II to the continuation of the Timurid history after Timur’s death. His relation to religious and scholarly figures as well as his description of the events reflect his “science of history” which was rooted in the intellectual atmosphere with Shi‘ite tinge in 14th and 15th century Iran.Résumé
Les sources persanes pour l’histoire du règne de Shâh Esmâ‘il Ier sont inédites ou éditées sans rigueur critique. La curiosité des Vénitiens a recueilli au Levant une information, publiée en partie dès le XVIe siècle, dont l’étude des canaux de transmission devrait précéder l’exploitation par les historiens.

• L.-D. KOTOBI, “L’Émergence de la santé publique en Perse qâdjâre. Un aperçu historique de la vaccination”, p. 261
Résumé
Elaboré à partir de traces éparses, ce premier historique de la vaccination en Perse – introduite sous sa forme jennérienne par un chirurgien Britannique en 1804 – et des pratiques d’immunisation connues jusqu’alors illustre les enjeux et le contexte économico-politique du moment. L’apparition des six pandémies cholériques qui ont rythmé le XIXe siècle a contribué à la prise de conscience tardive des autorités qâdjâres de la nécessité d’instaurer en Perse de véritables mesures de santé publique. Les premières campagnes vaccinales de masse n’ont réellement été instaurées qu’un siècle plus tard, consécutivement à la réforme médicale qui prit forme dans le pays. Un Institut Pasteur national a ouvert ses portes à Téhéran en 1921.

NOTES
• J. DUCHESNE-GUILLEMIN, “Moyen-perse apâxtar ‘planète’ et axtar ‘signe du zodiaque’”, p. 287
[Résumé français non disponible]

• F. GURNET, “Une drachme sassanide de Pêroz II”, p. 291 A. TAFAZZOLI, Kawî Waêpê, p. 295
• F. GRENET et J. MOULIERAC, “Un modèle de vase rituel de Samarkand décrit par al-Bîrûnî”, p. 297

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