Vol. 45/1 (2016)

ARTICLES
• KELLENS, Jean, “Unité et diversité du rite avestique”, p. 7-15.
Résumé
Les trois strates textuelles de l’Avesta, la gâthique, la haptahâtique et la récente, commencent étrangement par la même succession lexicale: la triade pensée-parole-acte, le verbe choisir et le nom de la vache. Cette singularité rhétorique, une fois analysée, est révélatrice à la fois de l’unité rituelle de l’Avesta et d’une divergence essentielle entre les Gâthâs et le Yasna Haptaηhāiti.

• AGOSTINI, Domenico, STARK, Sören, “Zāwulistān, Kāwulistān and the Land Bosi. On the Question of a Sasanian Court-in-Exile in the Southern Hindukush”, p. 17-38.
Résumé
Le présent article analyse des données pertinentes issues de sources historiques et encyclopédiques chinoises portant sur les contacts diplomatiques entre la Chine des Tang et un pays nommé Bosi (Perse) postérieurs à la mort de Yazdegerd III en 651 de n.è. Ces données combinées avec les témoignages des textes apocalyptiques iraniens, de la numismatique et des arts visuels semblent indiquer l’existence d’une véritable cour sassanide en exil quelque part dans la région méridionale de l’Hindou-Kouch, c.-à-d. relevant du milieu politique des cours de Zāwul ou de Kāwul jusqu’à au moins la moitié du VIIIe siècle.

• ZEINI, Arash, “A Unique Pahlavi Papyrus from Vienna (P.Pehl. 562)”, p. 39-52.
Résumé
Les documents moyen-perse ou pehlevi sont pour la plupart de nature économique et administrative; ils sont conservés sur des supports en parchemin, en papyrus ou en textile originaires d’Iran ou de l’oasis de Fayyūm en Égypte. Les plus anciens de ces documents, principalement des papyrus, contemporains de l’occupation sassanide de l’Égypte, sont datés entre 618 et 629 de n. è. Cet article propose une édition d’un fragment actuellement conservé à Saint Pétersbourg mais qui appartient à l’origine à la collection viennoise de papyrus pehlevis. Ce fragment est unique pour son écriture et pour l’attestation du mothutuxšān ‘artisans’ et du logogramme MŠLWNtn’ «amasser» qui est uniquement attesté dans le Frahang ī Pahlawīg.

• WITCZAK, Krzysztof Tomasz, NOVÁK, L’ubomír, “Pamir Cereal Name in Medieval Greek Sources”, p. 53 – 64.
Résumé
Dans le monde iranien, la zone des langues du Pamir Nord se distingue par le fait que les phonèmes iraniens *k, *g, *x subissent la palatalisation en *ḱ, *ǵ, *x́ (> Shughni-Roshani č, ž, š) dans la position devant *a et *ā. La chronologie de ce processus reste inconnue. D’après les auteurs, le nom pamirien du blé *ǰæwærs (τζαβάρς) qui signifie ‘millet indien, Panicum miliaceum L.’ (< iranien *gawarśa-) a été noté dans le document grec du XVe siècle: τζαβάρς ισχχιντί · κέχρος ἰνδικός (Parisinus Graecus 2419, 31.4). Cette remarque textuelle montre que la soi-disante «palatalisation pamirienne» a été effectuée avant le XVe siècle de notre ère.

• MOAZZEN, Maryam, “Institutional Metamorphosis or Clerical status quo? New Insights into the Career and Work of Sayyid Mīr Muḥammad Bāqir Khātūnābādī”, p. 65-88.
Résumé
Sayyid Mīr Muḥammad Bāqir Khātūnābādī (m. 1715) a été le premier mullā-bāshī safavide. Il a atteint la plus haute position à la cour de Shāh Sulṭān Ḥusayn, le dernier souverain safavide effectif. Certains chercheurs ont documenté son influence sur le shah, mais on a peu écrit sur ce dignitaire lui-même. Khātūnābādī a mené trois carrières simultanées: il était conseiller de Shāh Sulṭān Ḥusayn pour les affaires religieuses, chef des érudits religieux, et recteur et enseignant à la Madrasa-yi Sulṭānī. Il a écrit un certain nombre de traités et traduit des œuvres de l’arabe en persan, y compris une traduction annotée de l’Évangile. Cet article examine la formation pédagogique et intellectuelle de Khātūnābādī, à la lumière des sources disponibles, et trace les liens qui l’unissent aux institutions et aux idées qu’il a représentées. L’article propose également une analyse du rôle socio-politique qu’il a joué dans le contexte agité du début du XVIIIe siècle en Iran. Cet examen plus approfondi de la vie et de la carrière de Khātūnābādī nous offre une nouvelle perspective sur les conditions de la communauté religieuse et savante du début de l’Iran moderne.

• JAYHANI, Hamidreza, REZAEIPOUR, Maryam, “The Authentic Layout of the Main Avenue of Fin Garden in Kashan”, p. 89-126.
Résumé
L’étude sur le plan de la plantation actuelle des cyprès et des bordures des lotissements dans l’avenue principale du Jardin de Fin à Kāshān montre quelques irrégularités. Ces irrégularités et quelques réparations sont arrivées plus tard à l’époque qājār. Dans cet article, l’identification des irrégularités et de la restauration de dessin authentique du jardin avec l’aide des âges des arbres et de leur emplacement dans le jardin et certains lotissements précis sera réalisée. Les résultats révèlent une différence importante entre le dessin authentique de l’avenue principale et la situation actuelle et aussi à un plan dessiné par Donald Wilber.

IN MEMORIAM
GYSELEN, Rika, “Malek Iradj Mochiri (1927-2015)”, p. 129-132.

COMPTES RENDUS p.135-155.

Vol. 45/2 (2016)

En hommage à notre collègue et ami, membre du comité de rédaction, Paul Bernard, 13 juin 1929 – 1er décembre 2015. p. 163-164.

ARTICLES
• PANAINO, Antonio, “6666 or the Figure of Ahreman’s Invasion. A Note about Wizīdagīhā by Zādspram 28,2”, p. 165-196.
Résumé
La présence dans le chapitre 28,6 des Wizīdagīhā ī Zādspram d’une référence au nombre 6666 en relation avec la manifestation de l’arrivée d’Ahreman dans le monde, suggère une comparaison immédiate avec le ‘Nombre de la Bête’, 666, qui apparaît dans l’Apocalypse de Jean, 13, 17-18. L’auteur analyse les nombreuses interprétations symboliques de ce nombre et son importance dans la tradition chrétienne ancienne, en particulier dans le cadre du cinquième livre du Contre les Hérésies d’Irénée de Lyon et dans le milieu associé du chiliasme. Si la présence de ce nombre dans le contexte mazdéen tardif semble être un autre élément appuyant la thèse de l’influence occidentale sur apocalyptique iranienne (nonobstant, dans le cas spécifique du nombre de la Bête, l’absence de traductions syriaques de l’Apocalypse de Jean avant le XIème s.), l’analyse du contexte historique de la circulation des doctrines millénaristes présente une situation plus complexe, dans laquelle la composante iranienne doit avoir eu aussi un impact remarquable.

• BENKATO, Adam, “Sogdian Letter Fragments in Manichaean Script”, p. 197-220.
Résumé
Un certain nombre de fragments de lettres en sogdien émanant des communautés manichéennes de Turfan ont été conservées jusqu’à nous. Bien que la plupart d’entre eux soient en graphie sogdienne, quelques fragments sont dans une variété cursive de l’écriture manichéenne que l’on ne trouve que dans ces textes. L’édition et l’étude de ces fragments donne un aperçu des dynamiques de la communauté manichéenne. Au-delà, cet article propose également la première analyse paléographique de l’écriture cursive manichéenne.

• SZUPPE, Maria, “Ādīna Muḥammad Qarātēgīnī et « son maître ». Transmission des écrits de la tradition kubravi tardive en Asie centrale dans un recueil manuscrit de Ferghana”, p. 221-244.
Résumé
L’article s’intéresse à un recueil conservé au Musée régional de Ferghana (Ouzbékistan), copié au XIXe s., qui renferme plusieurs textes d’auteurs centre-asiatiques, identifiés comme kubravis, ayant vécu, pour l’un, au début du XVIIe, et pour les autres, au XVIIIe s. (selon l’identification proposée ici). L’analyse montre que le recueil circulait à la fois dans les milieux kubravis que naqshbandis de l’Asie centrale.

• FLOOR, Willem, “Seyyeds in Qājār Iran according to European Sources”, p. 245-273.
Résumé
Bien que les seyyeds constituent un groupe important du point de vue social et religieux, il existe très peu d’études sur leur rôle en Iran des Qājārs. Jusqu’ici, l’analyse la plus détaillée est celle proposée par H.-G. Migeod dans son excellente thèse de doctorat (enfin publiée en 2006, ou 50 ans après son élaboration), qui reste une contribution très utile sur ce sujet. Néanmoins, Migeod n’a pas traité tous les aspects de ce groupe, raison pour laquelle je voudrais ajouter à notre réservoir des connaissances la présente étude, qui propose une analyse plus complète de ce groupe à l’époque qājāre.

• HERMANN, Denis, “Dispositions testamentaires et financement de la transmission religieuse. Le recours au waqf par un gouverneur qajar de la région de Takāb dans la seconde moitié du XIXe siècle”, p. 275-301.
Résumé
L’article étudie quatre waqf établis dans la seconde moitié du XIXe s. par un gouverneur de province qajar qui fut également membre de l’École théologico-mystique de la šayḫiyya. Leswaqf que constitua Sulaymān Ḫān Afšār (Šāh) Qāsimlū (m. 1309/1891) participèrent à l’organisation du groupe, notamment en finançant les publications des œuvres des cofondateurs du shaykhisme que furent Šayḫ Aḥmad al-Aḥsā’ī (m. 1241/1826) et Sayyid Kāẓim Raštī (m. 1259/1843). Ils permirent également la remémoration de Sayyid Kāẓim Raštī par l’entretien de sa tombe à Karbala et la distribution d’une allocation à ses descendants masculins. Nous insisterons sur les multiples modifications qui furent apportées à la fonction de ces waqf comme à leur gestion (tawliyat) par leur fondateur, modifications qui furent contestées par les descendants des bénéficiaires et gestionnaires (mutawallī) initiaux. Cette étude est révélatrice du rôle des élites gouvernantes dans la dynamique doctrinale du chiisme en Iran au cours de la période qajare.

NOTE
GYSELEN, Rika, “Čandwargar. Le nom moyen-perse pour la coupe ovale polylobée sassanide”, p. 305-306.

IN MEMORIAM
GRENET, Frantz, “Paul Bernard (1929-2015)”, p. 309-312.
BAZIN, Marcel, HOURCADE, Bernard, “Xavier de Planhol (1926-2016)”, p. 313-316.

COMPTES RENDUS p.319-326.

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